April 2001
Vos inences, rends Pes,
Mesdames et Messieurs, chers Amis
C'est un honneur pour moi de me trouver ce soir parmi vous, invitpar la Facultde thlogie orthodoxe Saint Jean Damasce de l'Universitde Balamand. C'est une joie aussi de me trouver Beyrouth, au Liban, dans un pays que je ne connaissais pas personnellement mais que je sentais et chissais depuis nombreuses anns travers le regard aimant des amis tr chers.
La causerie de ce soir portera sur le sens chrien de la crtion de l'univers et de l'homme et ses retombs mises en rapport avec des problatiques contemporaines majeures. Je commencerai (1) en prisant mon point de vue et ma situation hermeutique concre. Par la suite (2) j'essayerai de tracer l'historique de la question dans ses retombs pour la pens et la culture. Successivement (3) je m'efforcerai d'analyser le contenu des termes mes du titre de notre causerie. Que veut dire "crtion", que veut dire "homme" et "monde" dans la perspective qui est la mienne et comment sont-elles envisags leurs relations sous l'angle de la libert? Finalement (4), il sera opportun de conclure avec des bres considations sur les retombs d'une telle approche des questions majeures, brantes et actuelles, concernant l'existence du monde et de l'homme : des questions de l'ologie et de la biohique. Car il est constatl'existence, un niveau mondial, d'un int croissant pour le monde de la nature. Et ce en raison du deloppement spectaculaire des Sciences Physiques d'une part, et de l'inquiude inspir par la destruction de l'environnement naturel d'autre part.
Toute approche d'une rlitdonn ne saurait re que particulie. Et la particularitd'un point de vue conditionne forcent le contenu de cette approche et de nos affirmations. Nous, les res humains, situ chaque fois dans l'espace et dans le temps qui sont les nres, situ lchacun sa fan de manie personnelle, nous ne pourrions jamais porter un regard universel sur la rlit Cela ne doit faire myste pour personne. Mais si nos considations et nos regards sont existentiellement partiels, pour iter l'ueil d'un particularisme clos et narcissique, ils se doivent d're ouverts d'autres approches existentielles semblables dans l'espace et dans le temps ; d'ol'enjeu du dialogue dans la tradition. Tel est mon souhait pour ce soir : inviter la rlexion et au dialogue dans l'ouverture l'autre.
1. Le prupposexistentiel de comprension de la crtion sera la conscience eccliale d're en prence du projet grandiose de Dieu pour le monde et pour l'homme tel qu'il se donne, se re, nous en Christ. Ce projet crteur fruit de l'Amour ernel de Dieu trinitaire et portpar Sa vis de l'ultime, par son souhait ernel pour ainsi dire, fruit vivifiant et facteur de communion constitue le cadre, ou plut le prisme, travers lequel j'envisagerai "celui qui est sa ressemblance", savoir l'homme cr "l'image de Dieu", ainsi que l'environnement de l'homme, le monde de Dieu. Mais comment pourrais-je, en tant que chrien, envisager la crtion du monde et de l'homme et leur destin dans le souhait de leur Crteur, le but des crtures, si ce n'est qu'travers leur re-crtion eschatologique fondatrice et sacramentelle dans l'histoire en Christ ressuscit?
De quel point de vue considerai-je ici la crtion de l'univers et de l'homme, en tant que rlit cres ? Comment entendrais-je cet re-crture que l'homme et du monde constituent ?
Je vous le dis d'embl : sera d'un point de vue de la foi biblique ola notion d're-crture (de l'homme et du monde) renvoi celle d're-crteur (de Dieu) et notamment dans sa relecture chrienne. D'ol'importance primordiale de l'expience de la rurrection de la vie mortelle dans le Ressuscitd'entre les morts et celle de la nouvelle crtion qu'est l'lise ; l'lise dans sa profondeur ultime, sacramentelle, bien entendu et non pas dans sa surface sociologique et contradictoire...
Et parce que je vis dans une socipost-miale, c'est-dire moderne, dans une socidite sularis, mon approche biblico-chrienne ne sera ni "religieuse" (et thste) ni "anti-religieuse" (anti-thste), c'est-dire en opposition dialectique contre la religion.
Je suis persuadqu'une vision biblique spifiquement chrienne du sens de l'homme et du monde comme rlit cres, une approche la fois saine c'est-dire orthodoxe dans le sens ymologique du terme mais aussi contemporaine nous, ne pourrait qu're christique. Cela veut dire voir les choses dans l'ouverture infinie de la rurrection eschatologique (instaur dans le Ressuscit et par consuent ni sous l'emprise du sacr/u> et de sa violence, ni non plus sous l'emprise du profane et de son "in-diffence" (la non-diffence otout vaut alement). Une approche christique telle que je l'entends ici ne pourrait re ni thste (en rence au sacr, ni anti-thste (en rence au profane), ni non plus entre les deux, mais partir de l'ultime (eschaton) rurectionnel qui nous advient du futur, la Parousie qui constitue l'au-del/u> de Dieu pour nous. Parce qu'une approche christique comme celle ici entam se fonde partir de l'extiorit/u> de Celui qui tout en s'incarnant au plus profond de notre histoire ne cesse de la dasser en avant, la vision christique en question connote une structure communionnelle de l're cr dans les personnes uniques-et-libres en Christ et se situe en dehors aussi bien du sacrtotalisant (qui fait rence une structure thste et totalisante de l're cr) que du profane "in-diffent" (en rence une structure anti-thste et nihiliste de l're cr), comme en dehors de leur opposition dialectique. Permettez-moi ce point de m'expliquer ultieurement.
2. Dans une vision thste des rlit, le monde, l'homme et Dieu Lui-me rlit relationnelles apparaissent, dans le jeu de leurs relations (la "Liturgie cosmique"), comme des rlit dont l'existence est nessaire en elle-me. Ils constituent ainsi des existences physiques (monde, homme) ou ma-physiques (Dieu), naturelles ou surnaturelles, relatives ou absolues. Mais leur re relationnel, absolu ou relatif, peu importe, est en tout cas nessaire (non pas libre). La libertn'est pas constitutive de leur re. Dans la meilleure des hypothes la libertne constitue pour leur re qu'un surplus. Au sein de cette nessitontologique il y a certes une diffentiation : l'existence (relationnelle) de Dieu est nessaire et absolue, tandis que celle, alement relationnelle, du monde et l'homme est nessaire et relative (car elle dend de celle de Dieu). Mais j'attire ici votre attention cette diffentiation entre l're absolu (Dieu) et les res relatifs (crtures), s'inscrivant en tout cas au sein d'une nessitexistentielle commune (pour tous), elle ne peut qu'instaurer entre eux un cercle maphysique, une structure ontologique close et totalisante. Ici l'existence, l're de tout ce qui existe, s'identifie lui-me. C'est ce que l'on appelle une vision "close" de l're des ants (ontologie close) ol'altitdes ants (de l'autre homme, du monde, de Dieu et apr tout la mienne) est toujours relative (et jamais absolue), ola libert/u> des ants est toujours limit (et non fondatrice de vie). Comment une nessit/u> d're absolue ou relative peu importe pourrait-elle ne pas relativiser l'altit/u> et la libert/u> d're (pour Dieu, l'homme et le monde) en leur supprimant la racine, savoir le substrat (hypostasis) ? Dans une telle optique des choses, toute unicitet toute libert celles de Dieu, de l'homme et du monde, priv de leur assise ultime (hypostasis), ne peuvent qu're rups au profit du "me" et de la "totalitquot; d'une rlitnarcissique et violente que l'on appelle le "sacrquot;. La question n'est pas nligeable lorsque l'on la conside dans ses retombs pratiques, spirituelles et culturelles.
Comment, notamment, dans le cadre d'une vision "close" de l're (ontologie close), sous l'angle d'une structure thste, la "Seigneurie" de Dieu la Seigneurie du Crteur qui sauve selon la foi biblique pourrait-elle ne pas re pere comme intrinsuement frustrante et pratiquement inhibitrice de la "libert/u>" de l'homme ? Comment, dans une telle vision hiarchique des choses, Dieu pourrait ne pas reprenter l'enfer de l'homme ? D'ole renversement du thsme en anti-thsme, renversement prophique pour la thlogie car il re que si Dieu n'est pas "Seigneur" qu'en se donnant, en s'abandonnant rllement en Christ, ce n'est que dans l'Esprit, c'est-dire dans sa libertde communion qui "rne" sur nous. Et ce afin de nous offrir, toujours nouveau, l'assise ontologique vitable et ultime de notre libert: face Lui comme nous-mes et aux autres. C'est cela l'essentiel, me semble-t-il, d'une approche christique (ni thste, ni anti-thste) de la "Seigneurie" du Crteur et de la "libertquot; de la crture telles qu'elles se rent dans le Ressuscitet telles qu'elles sont constamment attendues jusqu'la Parousie.
Permettez-moi de le rer : dans une optique des choses thste (positivement ou nativement), les res, en eux-mes ainsi que dans leurs relations, ne pourraient ne pas re : ils n'auraient qu're puisque leur existence (leur re) n'est qu'al soi-me (re=re). C'est ainsi que le monde, l'homme et partant Dieu Lui-me ne pouvaient ne pas re, ils ne sont pas libres dans leur re me. Dieu, l'homme et l'univers devaient forcent exister, surs de leur existence mais aussi prisonniers de leur existence. Et peu importe ici la diffence, pour ainsi dire quantitative, entre l'existence, l're absolu (de Dieu) et l're relatif (de monde et de l'homme).
Il est certes facile d'inverser cette vision thste et religieuse des choses en son contraire : dans une vision anti-thste et anti-religieuse ol'homme et le monde pour re libres dans leur re, dans leur existence, se doivent de supprimer Dieu ; et prisent ce Dieu religieux et thste, le Dieu parfaitement stable en son re mais pour cela prisonnier de sa stabilit le Dieu de l're narcissique dont la "Seigneurie" sur toute crture constitue le danger primordial pour l'homme. Et la "Seigneurie" contre la "libertquot; se renverse en "libertquot; contre la "Seigneurie". Car, si doncer une existence prendue nessaire de Dieu constitue paradoxalement un toignage prophique de la foi biblique et de la libertde l're dans notre histoire spirituelle, il ne fait myste pour personne que ce renversement anti-thste de l're du monde et de l'homme par suppression de celui de Dieu est finalement suicidaire pour l'homme et pour le monde. Et prisent pour leur libertd're. Car si, dans l'espace d'un jeu de rlit supposs nessaires (Dieu, homme, monde) je supprime la premie rlit je ne pourrais aboutir qu'l'ancipation de deux autres (de l'homme et du monde) mais non pas l'affirmation et la sauvegarde de leur libert/u>. Je peux re ancipde toi en te fuyant mais pour re libre en moi il me faut autre chose : il me faut une assise ultime (hypostasis) de libert
Telle est briement notre situation spirituelle dans nos soci post-miales, les "soci chriennes" post-thstes, en Occident comme en Orient. Et puisque nous avons dassurpour nous-mes l'ancipation d'un Dieu ontologiquement frustrant d'un "Dieu pervers" (M. Bellet) la reque majeure pour nous est l'assurance et la recherche d'un fondement ultime (hypostasis) pour notre libertontologique, la libertd'existence. Car si, ne plus re g gre Dieu par ce Dieu fantoche et ses manifestations historiques, cela ne veut pas dire pour autant re libres, tout court, dans notre existence me. Et la recherche d'un tel fondement pour la libertd'existence de l'homme et du monde nous ame reconsider de manie christique ce que l'on appelle la vision biblique de la "crtion" des crtures (c.d. de l'homme et du monde), ayant en vue la problatique sur le sens biblique de la "Seigneurie" (du Crteur) et de la "libert/u>" (de la crture). Nous sommes le reque d'une approche du sens de Dieu, de l'homme et de l'univers associ une vision de leurs relations tels qu'ils se donnent en Christ ressuscit/u>. C'est cela que j'appellerais volontiers l'orthodoxie christique de la foi apostolique et patristique ; orthodoxie dont l'Orient chrien a la vocation d're, me semble-t-il, le toin principal (mais pas exclusif certes).
En parlant d'orthodoxie christique de la foi (apostolique, conciliaire et patristique) je me permets d'attirer votre attention sur un point de premie importance. Il est tout fait possible d'envisager "Dieu", le "monde" et l'"homme", en eux-mes et dans leurs relations, abstraction faisant de l'expience croyante et de son toignage bibliques : ce serait le cas d'une approche, thste ou non, philosophique ou thlogique, peu importe, mais non pas biblique. Il est aussi possible dans le langage de la foi, au sein de nos thlogies chriennes d'envisager le Crteur et ses crtures partir de la Bible avec ou sans l'aide de la philosophie dans une approche progressive et linire du toignage biblique (de A Z) de la Gene l'Apocalypse. Lle Christ ou plut l'ement Christ ne serait qu'une manifestations bibliques de Dieu parmi d'autres, certes la dernie et la plus importante, la manifestation par excellence, mais non pas le prisme structurant me de notre approche des rlit "Dieu", "homme", "monde".
Or une lecture, spifiquement chrienne, de ces rlit ne pourrait se faire qu'partir du Christ, du Christ ressuscitdans le Royaume de Dieu. Une lecture christique des rlit bibliques avec ou sans l'aide des catories philosophiques, ce n'est pas ici l'enjeu de la question ne pourrait qu're typologique c.d. prophique en Christ et non pas historiciste la manie de saint Paul et de l'expience de la communautprimitive des croyants. Cela veut dire une lecture de l'histoire biblique mais en tant qu'histoire du salut ; et d'un salut eschatologique prent dans l'histoire, ici et maintenant par "anticipation proltique". Une lecture de l'histoire du salut donc non pas de A Z (des origines la fin, de la Gene l'Apocalypse) mais inversement : partir de la fin, de la plitude du salut qui est la pleine rlisation du Royaume de Dieu dans notre histoire du Royaume attendu et offert, offert et attendu, dans le Christ ressuscitet vers les origines de la crtion et de l'histoire de l'homme et du monde.
3. Que veut-il dire "crtion" dans une telle perspective de salut en Christ ? Que signifie-t-il en thlogie chrienne le terme "crr" aussi bien pour le "Crteur" que pour Ses "crtures" ? Le sens de ces termes ne va pas de soi et il a des retomb importantes pour le sens de l'existence, pour l're non seulement de l'homme et du monde, c.d. des "crtures", mais aussi pour celui de Dieu, le "Crteur". Car, me dans notre langage trivial, crr connote une activitaffectant aussi bien l're de cette rlitnouvelle qui est cre (v. l'uvre d'art) que celui qui en est l'agent et qui s'exprime dans sa crtion (v. l'artiste).
Il est certes connu que l'expience eccliale du salut dans la foi au Ressuscitet simultanent dans l'attente de Son Royaume, l'expience du monde et de l'homme comme crtures de Dieu s'exprime travers le dogme de la crtion "partir du nnt". Et comme il a justement observ cette formulation demande aujourd'hui une plus grande attention, du point de vue orthodoxe, puisqu'il interpre, de la meilleur fan possible, la menace du nnt contenu en germe dans la crise ologique.
Les crtures, savoir l'homme et le monde, puisqu'elles sont des crtures du Crteur (et non pas leur Crteur lui-me), portent le sceau indile dans la racine de leur re me du fait qu'elles "sont cres" par quelqu'un d'autre qu'elles (et ne "sont" pas tout simplement). Elles portent la marque de leur contingence dans l're. Pour re, les crtures doivent s'ouvrir leur Crteur et leur existence dend de leur ouverture Celui qui, face elles et en dehors d'elles, les cr et les aime. Le saut en dehors d'elles, vers l'Autre qui les cr (le Crteur), constitue la seule et unique manie d're des crtures. Bien entendu, leur saut est toujours pr/u> par le saut primordial du Crteur, le saut d'amour et d'abandon de Dieu en dehors de Lui-me, le saut fondateur de l'existence des crtures. Le saut fondateur de Dieu en dehors de Lui et vers l'autre que Lui par dell'abe du "absolument rien", du "rien du tout" dans le sens le plus profond du terme "rien".
Or puisque les crtures sont cres partir du nnt, c.d. par la pure gre de Dieu, elles y portent constamment la marque de ce nnt leur propre nature d'oelles sont constamment et librement tirs par l'amour gratuit et libre de leur Crteur. Toute confusion, entre Crteur et crtures au niveau de l'existence, de l're, est impossible. Car entre l're de Dieu et celui des crtures il n'y a pas de diffence quantitative ou qualitative mais bien plut la discontinuitabsolue et radicale. Dans la folie d'amour que l'acte de crr reprente pour Dieu (tel que nous le contemplons en Christ), un nnt absolu et impensable s'interpose entre Son re et celui de Ses crtures. Dans la foi en la rurrection, la foi en la crtion nouvelle de saint Paul, l're des ants se re comme radicalement discontinu, et ce de manie absolue. Entre la mort du Christ selon la chair et Sa rurrection par le Pe dans l'Esprit l'abe ontologique s'interpose : l'abe qu'il ne faut jamais minimiser sous peine de relativiser aussi bien l'absurdit/u> de la mort que la puissance de la rurrection. C'est la raison pour laquelle disaient les Pes si l'on affirme que Dieu "existe", si l'on attribue l're proprement Dieu, il faut simultanent dire que les crtures ne sont pas ; et vice-versa. Il n'y a pas de continuit de simultantontologique entre le Crteur et les crtures mais l'abe du nnt et la gratuitde l'amour.
Si les crtures existent ce n'est que par un saut libre et gratuit du Crteur, un saut d'amour de Dieu d'amour ontologique, crteur, et non pas d'amour affectif en dehors de Lui-me en direction de ses crtures. Ce saut le saut en Christ constitue un don de la vie du Crteur pour la vie du monde le don de Sa vie propre pour la vie des autres que Lui, une offre gratuite dont l'acceptation libre constitue la vocation ontologique de la crture et notamment de l'homme pour la vie de tout re cr.
C'est ainsi que, en Christ ressuscit l'existence du monde ne constitue pas une fin en soi puisqu'elle trouve son fondement, son accomplissement et son sens dans sa relation ouverte avec Dieu : la communion libre des crtures avec leur Crteur par l'intermiaire de l'homme et dans l'amour de l'autre la communion qui se rlise par notre participation l'humanitdu Christ. Le monde, en tant prisent que cr partir du nnt, ne trouve ni contenu, ni assise, ni vie que dans l'amour inemment actif de Dieu en Christ. Ainsi toute la crtion peut exister, trouver cohion dans l' "re" et participer au "toujours bien re" que Dieu lui destine : la vie incorruptible dans le Royaume.
C'est cela la vocation de l'homme, pour le salut du monde et celui de son humanit telle que nous la contemplons dans l'humanitparfaite, celle du Christ : tout recevoir et tout offrir, rapitul Dieu. L'homme cr libre selon l'image de Dieu est l'intendant de la crtion, de l'environnement naturel et de soi-me d'abord, il est le prre de la crtion entie. Et sa prrise consiste accepter et offrir le digur(par la chute) soi-me et l'univers pour le recevoir nouveau d'entre les mains de Dieu comme transfigur comme rlitprovenant de la nouveauteschatologique. Toujours nouveau et jusqu'la venue du Seigneur et jusqu'l'accomplissement dinitif du Royaume. C'est la mission de chacun de nous en Christ la mission eccliale, mission ascique, sacerdotale et crtrice : crtrice de nouveaut/u> l'image de celle du Royaume qui vient.
Permettez-moi d'insister ici sur le sens, eschatologique, de la "nouveautquot;. Je ne parle pas ici d'une crtion des choses "nouveau" (ce qui connoterait une vision cyclique du temps et de l'histoire) mais d'une "nouvelle" crtion. C'est cela qui correspond, me semble-t-il, une vision biblique du temps et de l'histoire. Et une crtion en Christ avec du courage, dans l'asce et en assumant le risque de choses nouvelles, des termes nouveaux, de gestes nouveaux. C'est le sens christique et orthodoxe non pas "selon le monde" et hodoxe du terme "innover" (kainotomein). Car les hiques de tous temps sont tels, non pas cause de leur geste innovateur, c'est-dire de leur refus de rer le passmais, bien plut, cause de l'hec de leurs innovations, incapables de viser et de montrer le seul qui compte : le Christ ressuscitdans Son Royaume. Et cette remarque nous introduit notre dernier point.
4. C'est dans cette perspective de la nouveauteschatologique que l'lise ne peut que se rouir des succ scientifiques de l'homme. Elle observe une attitude particulie de rence, d'attention et de vigilance devant les moyens de recherche et les applications de la manique gique actuelle, de la biomecine ainsi que de la biotechnologie et dire la fondation d'un dialogue substantiel. Elle conside que la responsabilitpour soulager l'homme accabllui est commune avec les sciences. Cependant, l'lise ne pourrait s'empher de rappeler que "tout ce qui abolit le respect dla crtion en tant que miracle de l'amour et de la libertde Dieu, alie le crite biblique et patristique des vit hiques, trouble les relations humaines, limite le libre-arbitre et dalorise l'unicitde la personne".
Les succ scientifiques qui soulagent la peine de l'homme et qui favorisent la santde son corps, allongent sa vie et amiorent la qualitde l'existence humaine, sont rllement des dons de Dieu en faveur de l'homme. Mais ces succ ne pourraient pas justifier des exc qui restreindraient l'horizon de la perspective du salut de l'homme et du monde.
La "vie ernelle" est la vie non pas immatielle mais, bien plut, eschatologique : la vie du royaume de Dieu, la vie qui ne meurt plus, la vie indestructible. Apr la rurrection du Christ, et dans l'effusion de l'Esprit, le don de cette vie commence dans l'histoire et ne trouvera son accomplissement que "dans l'eschaton", lors de la rurrection finale. Par la participation sacramentelle l'humanitdu Christ, dans l'eucharistie notamment, le temps de l'histoire devient le lieu de la rencontre avec le Royaume venir. Le "maintenant" salvifique du royaume de Dieu nous est paradoxalement offert "en lise", c.d. dans ce Corps mystique et non simplement sociologique dont le Christ est la te. Si ce "maintenant" nous est offert, ici et maintenant, dans l'eucharistie, la foi, l'espance et la charit le "toujours" de l'lise existe dans le royaume de Dieu, dans "les siles des siles" de Dieu. La vie prente n'est pas seulement une praration en vue de la vie attendue, l'incorruptible ; elle est d'abord participation celle-ci dans la foi et dans la charit/u> la participation sacramentelle l'humanitdu Christ, dans l'espance et dans l'attente, constante et vigilante, de Son Royaume. Plus l'homme observe le commandement double de l'amour envers Dieu et envers l' "autre homme" plus il fait disparare son ocentrisme et ses peurs. C'est ainsi qu'il pourra trouver son vitable visage, sa personne dans l'ouverture et la rencontre de l'autre, dans la pleine acceptation de son altitet la communion. Il n'est pas superflu de signaler que, contrairement au communautarisme, le terme "communion" connote ici l'ouverture, la confiance et l'abandon ; non pas le repli et l'autosatisfaction.
L'accomplissement de l'homme en tant que personne unique et libre l'image du Christ se rlise dans l'expience me de l'unitcommunionnelle du genre humain en Christ selon ce mode d'unitqui est propre aux trois hypostases, personnelles dans la communion, de Dieu trinitaire. L'exemple vitable et authentique d'une telle expience vue de l'incorruptibilitde la vie est l'existence des saints. C'est par eux que nous apprenons que la recherche de l'incorruptibiliternelle, la recherche d'une vie unique et libre qui ne meurt plus, conduit l'homme ne plus craindre la mort, ne plus la consider comme fatalitmais l'accepter librement pour qu'elle soit dass dans le Ressuscitet se roncilier ainsi avec la crtion toute entie. Par ailleurs, non seulement l'homme, mais la crtion entie, aura part au royaume de Dieu trinitaire en tant que crtion nouvelle en Christ.
Se fondant sur les pruppos thlogiques ci-dessus onc, la thlogie eccliale est en mesure de dialoguer sans prug avec les sciences appliqus et, en collaboration avec elles, d'apporter des ronses des questionnements qui ont derminles contestations sociales, celles par exemple, qui concernent les relations familiales ainsi que le processus de la reproduction humaine.
On peut difficilement contester que le "myste" de la vie, depuis le stade cellulaire jusqu'la formation d'un organisme compos tourne autour de la notion d' "existence". Par consuent, la gestation est le stade du deloppement d'un organisme autonome d le commencement, d'une existence humaine, laquelle, d'une manie ou d'une autre, trouvera son accomplissement dans un stade temporel ultieur. Par consuent, l'avortement est un acte certainement grave iter (pour de multiples raisons). Il ne faut pourtant, me semble-t-il, ni le banaliser, ni le diaboliser.
Avec les mes pruppos thlogiques, des ronses peuvent re donns d'autres probles majeurs de la biohique tels que l'eugisme, les greffes, le clonage et l'euthanasie. C'est pour cette raison que la thlogie orthodoxe ne peut consider la biohique indendamment de son enseignement dogmatique. Comme il a pertinemment observ il ne peut y avoir de "bio-hique" sans "bio-thlogie".
Vos inences, rends Pes,
Mesdames et Messieurs, chers Amis
A l'heure ole nouveau millaire commence apr la clure du plus terrible et du plus igmatique des siles ol'annonce de la mort de Dieu a succla mort de l'homme, oles idlogies du bonheur ont provoqugocides et massacres sans nombre, ole progr a engendrune corruption sans prent du monde naturel, il revient aux chriens, plus que jamais, d'annoncer et de dendre le sens christique de la Crtion et le sens eucharistique, liturgique, des sciences. La dfication de l'homme savoir sa pleine et dinitive christification ne pourrait re rlle sans la transfiguration de l'univers. Les deux vont de pair et ne se rlisent qu'en Christ. Le salut accordce microcosme qu'est l'homme se rand sur le macrocosme, sur le monde. Dans le myste pascal, l'exaltation glorieuse de l'humaniten Christ devient glorification du cosmos en l'homme.
Aucun de progr scientifiques de nos jours ne rele en soi de Dieu ou du Diable. Le discernement hique ne pourrait se faire qu'partir de l'utilisation qui en est faite. Toute entreprise humaine est sujette discernement dont la rle s'ave "spirituelle", pneumatique, et se mesure la mesure du Christ. L'Orthodoxie ne pourrait, me semble-t-il, ni re ni embarrass d'une conception scolaire (c.d. non-christique) de l'humanitde l'homme (dont la vitultime relerait de l'ordre de la nature) ; ni non plus d'une lecture historiciste (c.d. non-typologique) de la tradition eccliale, biblique ou patristique (dont la vitultime relerait de l'ordre de l'histoire). La vitde l'homme et du monde dans l'homme se mesure partir de celle personnelle par excellence du Christ, et la vitde la tradition eccliale eschatologique dans l'histoire se mesure partir de celle du Royaume. L'Orthodoxie a donc le devoir d'appliquer son propre jugement inhent son expience de la rurrection sur ces rlit. En domaine d'hique, elle a une sorte d'obligation de signifier le primat absolu de la libert/u> personnelle et de la gre eschatologique.
Mais s'il s'agit bien de rendre compte de la foi qui est en nous, nous ne pouvons pas le faire sans nous confronter au despoir et aux attentes de humains. Pour ce faire, nous devons pleinement accepter avec confiance leur altitet partant celle de Dieu avec ce que l'altitpersonnelle implique : la reconnaissance de la liberten nous-mes comme aux autres dans le respect gratuit et l'ouverture communionnelle : l'ouverture l'autre qui appelle la communion. Et ce en attendant "des cieux nouveaux et une terre nouvelle dans lesquels la justice habite" (2 P 3,13).
Je vous remercie de votre accueil et de votre attention.
Konstantinos Agoras ( This e-mail address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it. )